Certains parlent de son humilité, d’autres évoquent son habilité à rassembler et convaincre. Dans tous les cas, c’est un intrépide capitaine qui vient de tirer sa révérence. Le téméraire guerrier qui, déjouant tous les pronostics aura contribué avec son équipe les Lions Indomptables à hisser le Cameroun et l’Afrique pour la première fois aux quarts de finale de la Coupe du Monde a finalement perdu l’ultime combat.
Un autre Lion est tombé. Une icône de l’épopée italienne de 1990 s’est écroulée. Une figure emblématique de l’équipe nationale du Cameroun s’en est allée. Un Cameroun footballistique qui a mis le monde entier au diapason cet été de 1990 lorsqu’il a changé l’ordre des choses dans le landerneau sportif mondial ! Car en battant l’Argentine de Diego Maradona, détenteur du titre alors qu’ils n’étaient que 9 sur le terrain (deux cartons rouges), un certain après-midi du 8 juin 1990 au stade mythique de San Siro. les Lions Indomptables écrivaient une nouvelle page dans les annales du football planétaire. Et ils pousseront l’outrecuidance pour atteindre les quarts de finale de Italia 90. Cette équipe était alors dirigée par l’intrépide Stephen Tataw. Pour l’heure, c’est d’ailleurs le seul capitaine à avoir hissé les Lions indomptables à un tel niveau de la compétition, niveau que n’avait encore jamais atteint équipe africaine. Aujourd’hui encore, il n’y a que le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) qui ont réalisé cet exploit.
George Weah: “J’ai perdu un grand ami et un grand frère”
Narcisse Mouelle Kombi, minitre des Sports dans sa page facebook s’est fendu dans un communiqué dithyrambique pour rendre hommage à “l’un des piliers remarquables des Lions Indomptables pendant l’épopée glorieuse de la Coupe du Monde “Italie 1990″ et bien d’autres compétitions sportives mémorables aura marqué le mouvement sportif national tant par son talent exceptionnel que par ses éminentes qualités humaines.”
Le président du Libéria George Weah qui a évolué avec Stephen Tataw au Tonnerre Club de Yaoundé décrit Tataw comme un ami merveilleux qui nous manquera énormément. “J’ai perdu un grand ami et un grand frère qui a rendu mon séjour à Yaoundé mémorable. Il nous manquera”, a déclaré le président Weah. Rigobert Song, l’un des capitaines les plus emblématiques des Lions indomptables dit devoir à Stephen ce qu’il est devenu, “nous avons appris auprès de lui. J’ai été capitaine des lions indomptables parce que j’ai copié Stephen Tataw. Le légendaire Antoine Bell quant `å lui évoquent Les souvenirs qui se bousculent. “Ceux de la CAN remportée ensemble au Maroc en 1988, de la Coupe du monde en Italie 2 ans plus tard.” La toile s’enflamme
La nouvelle de sa mort s’est répandue comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux. Certains internautes “saluent un vrai LION” qui a montré avec maestria, les qualités de leadership telles qu’on en avait rarement vu. “Il faudrait peut être que les sportifs et les artistes camerounais parfois abandonnés par l’état s’organisent et qu’ils sachent demander directement de l’aide aux gens de bonne volonté à travers les instruments que le web met à disposition” suggère un autre. “Après louis paul Mfede, Benjamin Massing, voilà Le capitaine de cette grande génération 88-94 qui tire sa révérence. Avec tant de sacrifice pour ce pays, pourquoi pas une évacuation sanitaire en guise de récompense pour les bienfaits de Mr. Le mondial italien aurait été une catastrophe si ce Mr n’était pas le capitaine. .. “Le capitaine Rigo Song a eu un AVC et a été évacué en Occident pour les soins. Le Capitaine Tataw était malade depuis et zéro évacuation sanitaire. Pourquoi deux poids, deux mesures? “ s’interroge un autre
Kana Biyik : ” Ils ont alors fait quoi pour nous ?”
C’est cette mastodonte, l’un des piliers remarquables des Lions Indomptables pendant l’épopée glorieuse de la Coupe du Monde “Italie 1990” et bien d’autres compétitions sportives mémorables qui vient de s’écrouler à 57ans dans un quasi anonymat qui laisse perplexe. Ceci nous amène à marquer un petit temps d’arrêt pour nous interroger sur la manière dont nos autorités traitent nos ‘icônes’. André Kana Biyik, un des membres de la fameuse expédition a sa petite idée là-dessus. Pour lui, ‘l’ingratitude’ des dirigeants camerounais n’a pas de nom. Ecoutons l’ancien latéral des Lions à ce propos dans une interview qu’il nous avait accordée, C’etait la veille de la derniere participation du Cameroun à la Coupe du Monde
“Partout où nous passons, le peuple camerounais nous voue un grand respect, une reconnaissance sans bornes. Mais ce sont les dirigeants qui ne savent pas qui nous sommes. Ou qui ont la malhonnêteté intellectuelle de ne pas le savoir. Cette Coupe du monde s’est passée en 1990. Qu’est-ce qu’ils ont fait ? Rien. Le chef de l’Etat continue à faire référence à notre exploit de 90. Qu’est-ce qu’on a alors fait pour nous ? Grâce à nous, l’Afrique a 5 places à la Coupe du Monde. Qu’est-ce qu’on a fait pour nous ? Voilà Mfede qui est mort dans un état de dénuement. Moi je dis que l’ingratitude des dirigeants camerounais n’a pas de nom. Il n’y a pas que Milla, encore qu’il a de la chance parce que Chirac avait soufflé un mot dans les oreilles du président. Et à part Milla ?…“
Né à Yaoundé le 31 mars 1963, Stephen Tataw démarre sa carrière avec Tonnerre de Yaoundé avant de passer à l’Olympic Mvolyé en 1991. Il sera le premier Africain å jouer dans un club japonais puisqu’il rejoindra le Tosu Futures en 1994 et restera jusqu’en 1996
Isaac T